L’entreprise technologique opère un virage vert dans l’un des secteurs les plus monopolistiques et les moins durables en Amérique du Nord grâce à ses micro-usines entièrement autonomes.
Parfois, pour amorcer des changements à grande échelle, il faut se concentrer sur les petites choses. L’entreprise en démarrage torontoise Relocalize a choisi de se pencher sur les glaçons, un produit utilisé par presque tout le monde, mais auquel le consommateur porte peu d’attention.
Il s’avère que nous sommes nombreux à consommer des glaçons de mauvaise qualité et à fort impact environnemental depuis des dizaines d’années. Le secteur souffre depuis longtemps d’une concurrence insuffisante. Selon Wayne McIntyre, chef de la direction et chef des finances de Relocalize, ces monopoles géographiques qui découragent l’innovation sont rendus possibles par un obstacle de taille à l’entrée sur le marché : le mode de distribution de la glace, qui fait appel à de grands réseaux de transport routier.
Relocalize perturbe ces monopoles en éliminant les camions. L’entreprise a mis au point des micro-usines qui permettent aux détaillants de produire leur propre glace sur place. Le produit est ainsi de meilleure qualité, moins coûteux et plus durable que les sacs de glaçons classiques.
« En supprimant l’intermédiaire, Relocalize se libère de la dépendance aux camions, explique M. McIntyre. Nous pouvons désormais pénétrer ces marchés sans être soumis aux contraintes qui pèsent sur les grandes sociétés sectorielles établies. C’est ce qui fait que nous sommes en mesure d’innover. Nous essayons de nous passer de camions, alors qu’eux en ont besoin. »
Un premier projet dans l’agriculture verticale
Au départ, Relocalize était conçue comme une entreprise d’agriculture verticale portée par l’intérêt personnel de M. McIntyre pour le développement durable et la décarbonation. « À ce stade de ma carrière, je voulais conjuguer ma volonté personnelle de faire face à la réalité de la crise climatique et mon intérêt professionnel pour les jeunes entreprises et les technologies », explique-t-il.
M. McIntyre s’est toutefois vite rendu compte de la difficulté de monter une entreprise d’agriculture verticale. « C’est difficile sur le plan de la rentabilité, y compris pour les grands acteurs du marché : le consommateur paiera environ 300 % plus cher pour une salade locale issue d’une ferme verticale de pointe que pour une salade classique. »
Prenant conscience de l’inabordabilité des produits de l’agriculture verticale pour la plupart des gens, M. McIntyre et le cofondateur de Relocalize, Graham Campbell, se sont mis en quête d’un autre concept qui serait « bon pour la planète et bon pour les affaires ».
Le secteur de la glace et des autres produits à base d’eau, jusqu’ici peu durable, leur est apparu comme à la fois propice à l’innovation verte et financièrement porteur. « La clé pour développer rapidement des solutions vertes est de combiner ces deux éléments », affirme M. McIntyre.
De la glace de meilleure qualité
Relocalize ne cherche pas seulement à réaliser une baisse de l’empreinte environnementale. Il s’agit aussi de proposer un produit de qualité. Si le consommateur n’accorde que peu d’importance à cette denrée, M. McIntyre explique qu’il est pourtant possible d’offrir une qualité nettement supérieure à ce qui est généralement vendu dans les épiceries et dépanneurs.
« La majorité des consommateurs aujourd’hui recherchent des produits durables, mais ils veulent aussi de la qualité. Notre objectif était donc de répondre à ces deux exigences », dit-il.
« La majorité des consommateurs aujourd’hui recherchent des produits durables, mais ils veulent aussi de la qualité. Notre objectif était donc de répondre à ces deux exigences. »
« Prenez les sacs en plastique habituels, remplis de morceaux de glace pilée souvent agglomérés entre eux… On est bien loin des jolis glaçons présentés dans les publicités du Super Bowl. Avec notre procédé breveté, vous obtenez des glaçons aussi esthétiques que ceux des publicités en réduisant de 90 % les émissions de dioxyde de carbone associées au transport et en utilisant de l’eau locale sans gaspillage. »
Les glaçons de Relocalize, fabriqués avec une eau ayant subi quatre étapes de filtration, se veulent gustativement meilleurs et plus durables dans le temps que ceux des grands fabricants. Ils conservent aussi leur forme cubique d’un pouce de côté, idéale pour les cocktails et autres boissons.
Du point de vue des détaillants, l’utilisation de micro-usines sur place permet d’éviter les ruptures de stock, qui leur portent préjudice sur le plan financier. « La glace est un produit étonnamment important pour les épiceries et dépanneurs. Les dirigeants des grands commerces sont nombreux à admettre que lorsqu’un consommateur se déplace pour acheter de la glace et qu’il n’en trouve pas en magasin, il le perçoit comme une perte de valeur durable », affirme M. McIntyre.
Comme dans la plupart des autres secteurs après la pandémie, les difficultés au niveau des chaînes d’approvisionnement ont eu une incidence sur le marché de la glace, et les livraisons sont moins fiables et plus coûteuses que jamais. Les détaillants recherchent aussi des produits plus respectueux de l’environnement, mais ils ont du mal à trouver satisfaction auprès des grands monopoles peu enclins à faire des efforts.
La production de glace sur place a pour autre avantage de réduire l’espace de stockage et l’énergie nécessaire, permettant de réaliser des économies en évitant l’entreposage d’énormes quantités de produits devant être gardés congelés.
« Pour le consommateur comme pour le détaillant, notre solution est si unique et innovante qu’elle s’impose d’elle-même », dit M. McIntyre.
L’automatisation au service de l’autonomie
Les micro-usines de Relocalize ne nécessitent aucune main-d’œuvre. Elles sont intégralement pilotées par la robotique. La première installation de la jeune entreprise est déjà à l’essai à Jacksonville, en Floride, et une autre devrait voir le jour au Canada au cours des neuf prochains mois.
« Ce fut un projet de grande envergure, admet M. McIntyre. Nous avons la chance d’avoir pour chef de la technologie un expert du secteur automobile qui a pu s’intéresser à l’ensemble des composants des systèmes autonomes pour innover à tous les niveaux. »
M. McIntyre explique que bien que de manière générale le secteur alimentaire accuse un certain retard en matière de production autonome, « nous avons rattrapé et même surpassé le secteur automobile en rendant nos systèmes réellement autonomes, sans aucun personnel sur place. »
Pour concevoir son installation autonome, Relocalize a utilisé des composants de systèmes existants et les a retravaillés pour créer quelque chose de complètement nouveau grâce à l’innovation combinatoire.
Aux entreprises en démarrage intéressées par l’automatisation, M. McIntyre assure que la clé est de s’entourer de personnes compétentes dotées d’une expertise multidisciplinaire : « Je conseillerais en premier lieu de s’associer à quelqu’un qui connaît vraiment tous les différents aspects de l’automatisation : intégration de l’automatisation, et compréhension de l’aspect logiciel, des systèmes de commande et du matériel. Dénicher des professionnels disposant d’une expérience aussi variée est un véritable défi. »
Une empreinte plastique négative certifiée
En matière de développement durable, Relocalize prêche par l’exemple puisque la jeune entreprise est fière d’avoir décroché une certification attestant de son empreinte plastique négative et a par ailleurs recours à la compensation par le biais de crédits-plastique. Elle reste néanmoins consciente et parle ouvertement des limites de ses efforts sur le plan écologique. « Nous utilisons un matériau recyclable et prêt à être recyclé. Mais en réalité, dans de nombreuses régions, la plupart des plastiques ne sont pas recyclés. Nous le savons et c’est une réelle source de préoccupations, admet M. McIntyre. Nous ne sommes pas dans une optique d’écoblanchiment et il ne sert à rien de se voiler la face. »
Relocalize voit la compensation plastique comme une solution provisoire. L’entreprise espère qu’à terme, l’emballage hyperlocal facilitera l’apparition de solutions sans plastique ou entièrement circulaire. « On fait ce qu’on peut en aspirant au mieux. Mais pour l’instant, il ne faut pas laisser le mieux devenir l’ennemi du bien, précise l’entrepreneur.
C’est bien d’acheter des crédits compensatoires, mais ce qui importe, ce sont les projets concrets qu’ils financent. »
Si les autres entreprises cherchent à améliorer leur empreinte environnementale, M. McIntyre explique qu’il s’agit d’avoir une approche pragmatique tout au long du processus. « Le système de compensation est imparfait parce qu’il est parfois difficile de rattacher les crédits à des projets ou à des financements. Ce qui me plaît dans notre approche, c’est que notre démarche de compensation est clairement associée à des projets précis, dit-il. C’est un vrai projet : je peux prendre un avion demain pour aller leur rendre visite sur place. C’est bien d’acheter des crédits compensatoires, mais ce qui importe, ce sont les projets concrets qu’ils financent. C’est plus qu’une simple transaction financière. »
Un plaidoyer pour l’urgence productive
La culture d’entreprise de Relocalize s’appuie sur le principe d’urgence productive. Cette approche consiste à composer avec les cycles rapides et les obstacles imprévus inhérents à la vie d’une entreprise en démarrage sans stresser inutilement les employés. « Comment créer l’urgence sans engendrer de stress dans l’organisation ? », s’interroge M. McIntyre.
L’entrepreneur explique qu’un trop grand nombre de jeunes entreprises se retrouvent piégées dans une démarche de l’urgence pour l’urgence. Selon lui, « l’urgence qui n’a pas de raison d’être est inutile. » Tout ne peut pas être urgent, tout le temps.
En pratique, ce principe consiste à ne pas se fixer d’échéances artificielles et à définir ses priorités au lieu de mettre tous les projets au même niveau.
En matière de leadership, M. McIntyre essaie d’appliquer le principe d’urgence productive en se demandant si les nouvelles initiatives ont réellement besoin d’être gérées en interne ou si elles pourraient être confiées à des partenaires, voire externalisées. « On est aussi obligés de dire non à certaines choses. Si tout n’est pas urgent, alors il faut choisir ce à quoi on renonce pour se concentrer sur ce qui est urgent et important. »
M. McIntyre affirme que la relation de Relocalize avec RBCx, qui est partenaire de l’entreprise, contribue à atténuer certaines des contraintes financières qui pèsent sur toutes les entreprises technologiques en plein essor. « L’existence d’une entreprise en démarrage dépend de ses partenaires financiers. La clé est donc de trouver des partenaires qui comprennent votre projet, savent ce que vous vivez et vous donnent des conseils utiles. Ce qu’il y a d’unique avec RBCx, c’est que l’équipe comprend vraiment la phase de démarrage. »
Pour en savoir plus sur Relocalize, rendez-vous à Relocalize.com.
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