Anthony Mouchantaf, chef, Capitaux, RBCx, nous entretient sur les façons dont les entreprises technologiques en démarrage peuvent tirer leur épingle du jeu dans une conjoncture défavorable.
Après des années de politique monétaire souple, il peut être déroutant de se trouver dans un marché baissier. Tout à coup, il est difficile de trouver du financement et de contracter des prêts, et la menace d’une récession plane.
Les entreprises en démarrage, peu importe leur envergure et leur étape de développement, doivent apprendre à réagir à cette nouvelle réalité. Nous nous sommes donc tournés vers Anthony Mouchantaf, stratège chevronné en investissement en capital-risque et chef, Capitaux, RBCx. Avant de se joindre à nous, il était investisseur en capital-risque à OMERS et, auparavant, fondateur de Rthm, une entreprise de santé mobile et d’analyse génétique, financée par le capital-risque.
Nous lui avons demandé d’animer notre tout premier webinaire éducatif pour aider les fondateurs en ces temps difficiles. En une heure, il nous a offert des conseils exclusifs sur les causes de la situation actuelle, ce que l’avenir nous réserve et les façons de prospérer malgré tout.
Voici les cinq principaux points à retenir :
1. La pandémie au banc des accusés
Le marché baissier actuel correspond à une période de contraction monétaire et fait suite à une politique monétaire expansionniste sans précédent, déclenchée par la pandémie. Les banques centrales, dans le but de protéger l’économie, ont considérablement abaissé les taux d’intérêt tout en recourant à l’assouplissement quantitatif.
Ces mesures ont créé un contexte d’argent facile et ont incité à la dépense, ce qui a fini par engendrer une inflation élevée. Selon M. Mouchantaf, « l’inflation inhabituelle de la valeur des actifs technologiques en est également une conséquence. » En effet, les actifs traditionnels sont devenus moins attrayants pour les investisseurs, incités à rechercher des rendements plus élevés dans le secteur de la technologie.
Pour freiner l’inflation, les banques centrales ont commencé à augmenter de nouveau les taux d’intérêt, ce qui a rendu la dette moins abordable. Il s’ensuit alors ce que nous connaissons aujourd’hui : un marché baissier. Nous constatons maintenant le phénomène inverse : les investisseurs fuient les actifs risqués et reviennent aux actifs traditionnels, ce qui est peu favorable aux entreprises en démarrage.
Il est toutefois encore possible de s’en tirer.
2. La conjoncture économique précédente à la rescousse
« Heureusement, le capital-risque implique de très longs processus, et l’écosystème de financement réagira tardivement aux nouvelles réalités macroéconomiques, nous rassure M. Mouchantaf. Plusieurs aspects stimulants du marché haussier sont toujours présents et s’imposeront pour les prochaines années. » Autrement dit, ce n’est pas encore le moment de paniquer.
Il explique que lorsque les sociétés de capital-risque annoncent un nouveau fonds de 100 ou 200 millions de dollars, elles ne prennent pas immédiatement possession de cet argent. C’est plutôt comme si leurs associés commanditaires leur avaient donné une reconnaissance de dette garantie qui peut entrer en vigueur n’importe quand. Bon nombre de ces reconnaissances de prêts ont été émises dans des conditions économiques plus favorables et sont toujours valides aujourd’hui si les sociétés de capital-risque en ont besoin pour investir dans des entreprises en démarrage.
« Elles ont des tonnes d’argent à leur disposition au cours des prochaines années, soit environ 300 milliards de dollars. C’est bon à savoir pour les entreprises en démarrage », affirme M. Mouchantaf.
Toutefois, les fondateurs qui cherchent du financement ont peut-être l’impression qu’il en est autrement, puisque les sociétés de capital-risque réduisent leurs investissements. Les entreprises en démarrage doivent donc s’adapter à cette réalité.
3. Les entreprises en démarrage doivent revenir aux principes fondamentaux
Ne vous laissez pas distraire par des plus-values qui ne sont pas essentielles à votre entreprise. Les fondateurs doivent prioriser les principes fondamentaux qui les rendront attrayants aux yeux des investisseurs et des prêteurs.
« Les entreprises les plus attrayantes possèdent trois caractéristiques fondamentales : elles croissent rapidement, elles présentent une marge de croissance considérable en matière de revenus d’une année sur l’autre et leur capital est efficace », poursuit M. Mouchantaf.
Les entreprises en démarrage en quête de financement ou de prêts peuvent s’attendre à être soumises à un contrôle diligent accru quant à ces principes fondamentaux que par le passé. « Vous aurez beaucoup moins peur de manquer un événement sur le marché. Les investisseurs vont s’arrêter pour prendre le temps de bien étudier votre entreprise », dit-il.
M. Mouchantaf offre également des conseils propres aux entreprises en démarrage qui n’ont pas encore réalisé de revenus : « Tout repose sur votre discours expliquant que votre entreprise présentera ces caractéristiques de base lorsque le temps sera venu de réaliser des revenus. »
4. La marge de croissance et l’efficacité du capital règnent
« La marge de croissance est extrêmement importante, affirme M. Mouchantaf. Dans ce marché haussier, nous avons vu des entreprises accroître leurs revenus tout en ayant une marge bénéficiaire brute négative ou très faible. Ça risque de ne plus être possible à l’avenir. »
Les entreprises en démarrage doivent aussi trouver une façon efficiente de faire fructifier leurs fonds actuels, surtout si elles ne s’attendent pas à recevoir une rentrée d’argent importante à court terme. « Il peut s’agir d’un signe relatif à votre modèle d’affaires : où devriez-vous investir votre argent pour faire évoluer votre entreprise, ajoute-t-il. Mais ce signe peut aussi pointer vers l’adéquation produit-marché : devez-vous dépenser une fortune en marketing pour générer des ventes ? »
5. Ne suivez pas le troupeau : choisissez ce qui vous convient le mieux
À une personne de l’auditoire qui a demandé s’il était préférable de collecter des fonds maintenant ou d’attendre, M. Mouchantaf a répondu qu’une entreprise en démarrage devrait se demander « si une collecte de fonds est vraiment souhaitable ou nécessaire, et si elle veut faire appel au capital externe ».
Bien que plusieurs entreprises technologiques perçoivent la collecte de fonds comme une étape naturelle à suivre, il est plus important que jamais de réfléchir à son apport et aux contraintes qui s’y rattachent.
« En recevant des capitaux externes, surtout s’ils proviennent d’une société de capital-risque, vous faites affaire avec des tiers ayant une structure incitative qui ne correspond probablement pas à la vôtre », poursuit M. Mouchantaf. En gros, ils disposent de cinq à dix ans pour atteindre la vitesse de libération d’une entreprise et en sortir ».
Les entreprises en démarrage qui connaissent une croissance positive devraient réfléchir par deux fois à l’engagement et aux attentes qui découlent du financement reçu d’une société de capital-risque. « Si votre entreprise connaît une croissance positive de 20 ou même de 30 %, demandez-vous si vous souhaitez faire affaire avec ces investisseurs externes qui vous pousseront à atteindre une croissance de 100 % une année sur l’autre », prévient-il. Ou préférez-vous continuer d’être seul maître à bord ? »
Vous êtes avide d’information ? Bonne nouvelle !
Le discours de M. Mouchantaf sur la façon de survivre à un marché baissier n’est que la première édition d’une nouvelle série de webinaires éducatifs de RBCx. Ces séances profitables vous permettront d’entendre parler certains des plus grands experts du secteur, dans le confort de votre maison ou de votre bureau.
Pour recevoir des invitations aux webinaires à venir, communiquez avec votre VP, Services bancaires RBCx, dès aujourd’hui.